Depuis le 3 janvier de cette année, la nouvelle directive MiFID (Market in Financial Instrument Directive) impose aux banquiers et gestionnaires de fortune des nouvelles règles du jeux dont le principal objectif est le renforcement de la protection des investisseurs.

Parmi les nombreuses mesures prônées par MiFID II, deux en particulier impliquent de profonds changements au niveau du modèle stratégique de certains banquiers et gestionnaires de fortune.

Interdiction des rétrocessions sur fonds de tiers.

Les gestionnaires qui percevaient des rétrocessions sur fonds de tiers doivent maintenant transférer cette commission (cachée) aux clients en gestion discrétionnaire. Il s’agit là d’une source de rémunération significative qui disparaît pour les gestionnaires qui pratiquent ce qu’on appelle dans le jargon « l’architecture ouverte », c’est-à-dire le fait de ne pas se limiter à investir dans des fonds « maisons » pour investir (également) dans les fonds d’autres gestionnaires.

L’impact financier de cette interdiction est tel pour les institutions concernées que certains acteurs ont dû se repositionner stratégiquement et augmenter la partie visible de leurs tarifs (commissions de gestion, droits de garde, etc). D’autres acteurs ont préféré abandonner (partiellement) « l’architecture ouverte » pour n’investir que dans leurs fonds maisons… souvent au détriment d’une certaine diversification. D’autres encore vont probablement être tentés d’accroître indirectement leur rémunération en augmentant le nombre de transactions au sein des portefeuilles de leurs clients…

La transparence au niveau de l’ensemble des frais de gestion.

Désormais, les gestionnaires doivent afficher l’ensemble des frais liés à la gestion d’un portefeuille, y compris les frais « cachés » (frais courant ou ongoing cost) payés à travers les fonds et présenter l’impact cumulatif de ces frais sur le rendement à long terme.

Une fois par an, ils devront également fournir a posteriori des informations détaillées concernant l’ensemble des frais payés pendant l’année écoulée. Le total des frais payés sera présenté sous forme de montant et sous forme de pourcentage.

Quel est l’impact de ces deux mesures pour l’investisseur et pour le secteur financier ?

A moyen terme, il faut s’attendre à ce que l’investisseur commence à comparer les grilles tarifaires des différents gestionnaires et décide de quitter ceux dont les frais sont jugés trop élevés… Au final, il comprendra que son rendement à long terme pourrait être (sensiblement) amélioré s’il se tourne vers un gestionnaire peu gourmand en frais. L’investisseur qui approfondira sa réflexion arrivera aussi naturellement à la conclusion que la gestion active n’offre pas les meilleures garanties de rendement et que la gestion passive présente toutes les chances d’optimiser celui-ci sur le long terme.

A plus long terme, on peut s’attendre à voir émerger des acteurs d’un genre nouveau déjà bien connus aux Etats-Unis, en Angleterre et aux Pays-Bas:  les ” Independant Financial Advisors”. Il s’agit de gestionnaires totalement indépendants dont le modèle de gestion s’est affranchi de tout conflit d’intérêt car leur seul mode de rémunération est la commission de gestion payée par leurs clients.

Quel est l’impact pour DDEL ?

Au niveau stratégique, aucun ! En effet, dès 2004, lors de la constitution de DDEL, les notions de transparence, de protection de l’investisseur et d’indépendance se trouvaient déjà au centre de notre projet. C’’est pour cette raison que nous avons toujours refusé toute forme de rétrocession et tout droit d’entrée sur les fonds utilisés.

Inspirés directement du modèle de “l’independant financial advisor” américain, nous voulions que notre société puisse croître sur de bases saines et solides et que notre discours envers nos clients reste cohérent sur le long terme. Que vont penser certains investisseurs quand ils vont comprendre que l’augmentation des tarifs (visibles) est liée à la disparition d’une pratique de rémunération qui leur a été cachée par leur gestionnaire pendant plusieurs années ?

A titre personnel, nous sommes également très enthousiastes car les réglementation MiFID I en 2007 et MiFID II en 2018 nous ont donné raison sur les choix que nous avions posés près de 15 ans avant…

Depuis l’origine, notre objectif a toujours été d’offrir à nos clients la meilleure expérience d’investissement possible. Nous continuons dans cette voie et essayons de nous réinventer tous les jours pour augmenter la satisfaction de nos clients… sans en augmenter le prix.