Alors que les portefeuilles se remettent progressivement des tergiversations autour des droits douaniers de Donald Trump, il nous semble utile de revenir sur l’un des éléments clés de notre gestion : le rééquilibrage (ou rebalancing).
Les mouvements de marché de ces derniers mois nous ont en effet amenés à réaliser plusieurs opérations de rééquilibrage dans les portefeuilles de nos clients, conformément à notre stratégie d’investissement. Nous expliquons ici plus en détail ce concept et nous en rappelons l’utilité.
Qu’est-ce que le rééquilibrage ?
Gérer un portefeuille ne consiste pas simplement à définir une allocation d’actifs une fois pour toutes et ne plus y toucher. Pour que le portefeuille reste aligné sur la stratégie d’investissement initiale, il est nécessaire de le réajuster régulièrement.
Le rééquilibrage consiste à ramener la proportion d’actions et d’obligations vers l’allocation cible définie au préalable. Cette opération permet de maintenir une cohérence entre votre portefeuille, vos objectifs, vos besoins et votre tolérance au risque.
Concrètement, cela signifie que lorsque les actions progressent fortement et que leur poids devient trop élevé, nous réduisons leur allocation pour acheter des obligations. À l’inverse, lorsque les marchés corrigent, nous renforçons cette poche en vendant des obligations.
Gestion du risque
L’objectif principal du rééquilibrage est de maîtriser le risque, non de maximiser le rendement. Sans ajustement régulier, la répartition entre classes d’actifs évolue au gré des marchés, modifiant progressivement le profil de risque du portefeuille.
Les actions battent en moyenne les obligations sept années sur dix. Leur poids tend donc naturellement à augmenter, rendant le portefeuille plus vulnérable lors des phases de correction.
À l’inverse, renforcer les actions après une baisse permet de profiter pleinement du rebond lorsque les marchés se redressent. Notre approche ne cherche cependant pas à anticiper le moment parfait. Lors de crises prolongées, il peut être nécessaire de répéter l’opération plusieurs fois avant que la reprise ne s’installe durablement.
Suivi quotidien
Il existe plusieurs manières de rééquilibrer un portefeuille. Chez DDEL, nous utilisons des bandes de tolérance. Nous n’intervenons que lorsque la répartition du portefeuille s’écarte au-delà d’un certain seuil par rapport à l’allocation cible.
Contrairement à un rééquilibrage à dates fixes, cette approche évite les transactions inutiles lorsqu’il y a peu de mouvements de marché. Elle nécessite toutefois un suivi quotidien.
Chaque matin, notre système vérifie la répartition de tous les portefeuilles et nous intervenons si une classe d’actifs dépasse les bornes prévues, ce qui se produit en général après une variation d’environ 15 % des actions.
Choix des actifs
Pour que le rééquilibrage soit efficace, il faut combiner des actifs faiblement ou négativement corrélés. C’est pourquoi nous choisissons d’inclure uniquement des obligations sûres et à court terme dans nos portefeuilles.
Les obligations plus risquées ou à long terme présentent parfois une corrélation plus importante avec les actions, comme en 2022, limitant les possibilités de rééquilibrage dans ces périodes.
L’avantage d’une approche systématique
Une approche systématique d’achat et de vente permet d’éliminer l’influence des émotions. Tout investisseur sait qu’il faut acheter quand les actions sont bon marché et vendre quand elles sont chères. Pourtant, nos réflexes nous poussent souvent à faire l’inverse. Ces mécanismes, utiles à notre survie durant la préhistoire, deviennent contre-productifs en matière d’investissement. Un processus clair constitue le meilleur moyen de s’en prémunir.
Exemple concret en 2025
Après la forte hausse de notre fonds actions en 2024, de nombreux portefeuilles ont été rééquilibrés entre fin 2024 et mi-février 2025. À la suite de l’annonce des droits de douane début avril par le président Trump et de la correction boursière, le mouvement inverse a été opéré. Depuis, les marchés ont nettement rebondi, ce qui nous conduit à réduire à nouveau la poche actions pour ramener les portefeuilles à leur cible.
Le graphique ci-dessous illustre ce processus à travers la simulation d’un portefeuille ayant débuté le 1er janvier 2024 avec un profil de 60 % d’actions.
Conclusion
En ajustant régulièrement votre portefeuille pour qu’il reste fidèle à son allocation d’actifs prédéfinie, nous maîtrisons le niveau de risque et limitons les erreurs de jugement.
Les études académiques ont démontré que le rééquilibrage est un moyen efficace de réduire la volatilité tout en soutenant la croissance régulière d’un portefeuille.
Chez DDEL, cette discipline est au cœur d’une gestion rigoureuse, stable et robuste, au service d’une expérience d’investissement sereine.